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La Nouvelle Centrafrique

LE SOUS DÉVELOPPEMENT DE LA RCA : MALÉDICTION OU...

21 Janvier 2013 , Rédigé par Observatoire Centrafricain Economique Et Social

LE SOUS DÉVELOPPEMENT DE LA RCA : MALÉDICTION OU MAL DICTON DES GOUVERNANTS

L’histoire économique de la RCA nous enseigne que ce pays a connu des périodes de croissance économique continue. La croissance économique peut être définie comme un accroissement durable des quantités de biens et services produits dans un pays. En effet, parmi les pays les moins avancés, dont la RCA fait partie, ont connu la plus forte croissance de leur PIB.
Mais pourquoi alors cette croissance économique n’entraine pas le développement, comme l’affirment les théories économiques confirmées par les résultats macroéconomiques des économies occidentales ? Le développement peut être défini comme l’ensemble des changements sociaux et culturels qui rendent possible l’accroissement des quantités produites sur le long terme. C’est donc une notion moins quantifiable que la croissance économique. Parler de développement, c’est se poser des questions sur ce que l’on fait des richesses créées grâce à la croissance économique.
En exemple, la santé de la population s’est-elle améliorée ? Les théories économiques et les enseignements tirés des économies occidentales confortent la thèse selon laquelle la croissance économique engendre le développement.
Or, en Centrafrique on assiste à une tendance inverse entre la croissance économique et développement. En Centrafrique, les performances macroéconomiques se réalisent au détriment des besoins fondamentaux et pressants de la majorité de la population. Quelques exemples le démontrent.
En RCA, le PIB a en moyenne, augmenté de 5% par an ces dernières années et la pauvreté de 1,9% par an selon le rapport de l’état de population mondiale (UNFPA 2010). Une croissance économique sans développement, veut dire que les quantités produites augmentent, mais sans qu’il y ait une amélioration du niveau de vie de la majorité de la population, sans que les structures se transforment de manière à ce que le fonctionnement de l’économie satisfasse un grand nombre de citoyens. Comment est-ce possible ?
S’il faut s’en tenir à l’économie, la mauvaise répartition de la richesse et l’inadéquation de la politique économique menée durant les 20 dernières années, peuvent être des éléments explicatifs d’une croissance sans développement.
En fait, qu’en est-il de la mauvaise répartition de la richesse ? il suffit que la production supplémentaire soit accaparée par une minorité représentée par une classe sociale ou politique particulière qui gaspille ou consomme des imports. Aussi, elle peut résulter d’une mauvaise affectation budgétaire. Les dépenses de fonctionnement inadapté de l’Etat aggravé par la corruption et le laxisme administratif…
Sont privilégiées au détriment des dépenses pour les pauvres (dépenses sociales et d’infrastructures). Dans ce cas, l’Etat est incapable d’augmenter les consommations collectives qui profitent à tous (infrastructure de transport, d’éducation, de santé, distribution d’eau et d’électricité).
A cette mauvaise répartition de richesse, on peut ajouter « la mauvaise croissance économique non productive, issue d’une augmentation supplémentaire des recettes d’exportations des produits primaires. La croissance économique Centrafricaine est essentiellement dépendante des facteurs externes. L’économie Centrafricaine est faiblement industrialisée et souffre d’une diversification insuffisante de son économie. La croissance économique Centrafricaine, qualifiée de commerciale, est pauvre et dépourvue de capacité de création d’emplois.
Les économies Centrafricaines sont des économies de rente, c'est-à-dire qu’elle n’est pas issues du processus de production dont l’investissement est l’agent vecteur.
Le simple fait que les Institutions de Brettons Wood (FMI, Banque Mondiale) exercent une pression sur le pays pour que celui-ci paye son service de la dette, au risque d’être exclus sur le marché d’emprunt international, est une forme implicite d’obligation faite à ce pays d’affecter prioritairement ses ressources au remboursement de la dette. Ses ressources publiques sont essentiellement absorbées par le paiement de la dette. Le reliquat, largement insuffisant, est partagé entre les autres postes budgétaires de l’Etat.
Il s’ensuit une baisse des dépenses affectées aux services sociaux (santé et éducation) et aux infrastructures de développement. La dette est donc un sérieux handicap pour le développement de la RCA. Si on veut effectivement le développement de ce pays, la communauté internationale en charge du développement, en l’occurrence l’ONU par le biais de ses agents préteurs (FMI, BM), la BAD, l’Union européenne et autres organismes de coopération voire privés doivent tout simplement annuler cette dette.
Au cas contraire, il ne serait pas condamnable de penser que le maintien de cette dette ne serait qu’une façon implicite de maintenir artificiellement la RCA dans le sous développement. D’une part, si la RCA éprouve des difficultés d’attirer les investissements privés étrangers, il faut dans ce cas, le gouvernement doit promouvoir des industries de transformations notamment agro-industrielles pour faire émerger une synergie entre les secteurs agricole et industriel, ce qui permet de réduire les lourdes factures d’importation des denrées alimentaires. C’est bien connu : un peuple qui consomme ce qu’il ne produit pas, n’est pas un peuple libre. Au regard des couts élevés de ce type d’industrie, ils peuvent s’appuyer sur les initiatives de régionalisation respective, en mettant en place dans chaque pays membre un projet d’industrialisation à caractère régional (échec de la CEMAC).
En fait, il manque un acteur stratégique dans notre économie : le secteur marchand (PME) de la RCA est caractérisé par la juxtaposition de micro-entreprises qui ne créent pas assez d’emplois. De ce point de vue, les aides doivent s’orienter vers les infrastructures (routes, eau, électricité qui sont indispensables pour attirer les investisseurs étrangers), le secteur financier (seul à pouvoir financer la création des PME) et le secteur productif (l’agriculture demeure le fer de lance de l’industrialisation).
D’autre part, les Banques de la place doivent quitter le stade de financement de projets à court terme souvent à caractère commercial vers les projets productifs ou industriels de long terme.
Or, paradoxalement, l’aide publique au développement (APD) envers le secteur productif a baissé ces dernières années. A cette reforme, les pays donateurs trouveront aussi satisfaction puisque la création de PME engendre la création d’emplois dans les villes, ce qui freinerait les vagues d’immigration. Ces mesures ne sont pas exhaustives pour renforcer l’impact de la croissance économique sur le développement.
La stabilité politique reste une condition sine qua none pour attirer les investisseurs. Aussi, la RCA est entravée par ses propres réglementations qui freinent la création d’entreprise. En Centrafrique, il faut en moyenne, un an pour créer une entreprise et les frais d’immatriculation officielle coutent le double du montant de revenue annuel par habitant. Par comparaison, dans d’autres pays, il faut un mois de créer une entreprise.
La bonne gouvernance, l’Etat de droit, un environnement macroéconomique sain, la rigueur dans la gestion de la chose publique, la lutte contre la corruption et l’investissement dans le développement humain, sont autant de facteurs susceptibles de soutenir non seulement la croissance économique, mais aussi renforcer son impact sur le développement. La législation en matière de création d’entreprise doit être souple.
Pour s’en sortir, d’une part la RCA doit passer d’une économie de rente à une économie productive diversifiée et d’autre part, procéder à une répartition efficace de la richesse nationale.
A cela, il faut ajouter la bonne compréhension de la communauté internationale (affectation de l’aide, annulation des dettes), la mise en place des réformes de grande envergure, le renforcement du processus d’intégration économique régionale et une stabilité politique nationale. Un pays qui établit un climat favorable à l’investissement attire davantage d’investissement qui créent des emplois et des revenus et renforcent la croissance économique.

Lionel Jospin ZOUMIRY

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